Interview d’Alice Jeanmart, étudiante en médecine et participante au double cursus médecine-sciences

Publié le 24/01/2018 à 12:00

Propos d'Alice Jeanmart recueillis par Eva Jeanmart

Creds : Top Santé
Creds : Top Santé

 

Pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter ?

Je m’appelle Alice Jeanmart, j’ai 19 ans. Je suis en deuxième année de médecine à la fac de Grenoble. J’ai décidé d’entamer, en parallèle de mes études de médecine, le double cursus médecine sciences, permettant d’accéder à une formation plus scientifique.

 

Pourquoi avoir choisi les études de médecine ?

Venant d’un milieu de médecins, j’ai toujours été attirée par ces études. J’ai vraiment eu envie de me diriger dans cette voie à partir de la troisième, du fait de mon intérêt pour mes cours de SVT et particulièrement pour un projet réalisé tout au long de l’année sur le SIDA et l’immunité.

 

La première année est un concours très sélectif, comment cela s’est-il passé pour toi ?

Cette année fût assez éprouvante, tant au niveau physique que mental. Le rythme de travail demandé est très intense, cela demande un investissement à 300 %. Heureusement, j’étais bien entourée par ma famille, j’avais quelques moments de partage avec eux qui m’ont aidée à tenir. Mais au final, c’est quand même une année super intéressante. Les cours sont passionnants, j’ai vraiment pris plaisir à apprendre.

 

Qu’est-ce que tu retiens de cette première année et qu’est-ce que t’a apporté ce concours ?

C’est déjà très gratifiant de se mettre à fond dans un objectif et de voir que l’on est capable de le réussir. En plus, on pourrait penser que durant un concours on est seul dans son coin, mais j’ai aussi rencontré des personnes qui ont été de véritables soutiens.

 

Le concours est différent depuis cette année, qu’est-ce qui a changé ?

Ce ne sont plus deux gros concours à la fin du premier et deuxième semestre, mais sous la forme d’un contrôle continu. Toutes les semaines, à partir des deux premiers mois de cours, il y a des sessions de 20 minutes avec dix questions par matière. Cela a l’avantage de répartir la pression sur toute l’année, car la semaine avant le concours était très éprouvante, et d’éviter les gros mois de révisions qui étaient très difficiles, tant au niveau physique que psychologique. Toutefois, les doublants semblent favorisés car trouver le juste milieu entre travail et repos après deux mois n’est pas très évident. C’est donc un atout d’avoir déjà une bonne méthode de travail et de bien se connaître.

 

Les cours de la première et la deuxième année sont sur DVD, est-ce que cela t’a posé problème ?

Avoir les cours sur DVD permet de la flexibilité. On peut s’organiser comme on le veut et s’adapter à son rythme de fonctionnement, ce qui est précieux durant une année comme celle-là.

Mais il ne faut pas s’inquiéter car le système est bien fait. On voit régulièrement les professeurs, que ce soit en séances de rencontre en amphi de 200 personnes ou pendant des séances d’entrainement au concours, où ils répondent aux questions.

 

Qu’est-ce que tu penses de la deuxième année de médecine : les cours, l’ambiance,… ?

La deuxième médecine c’est la grosse décompression après la première année ! Le travail demandé est bien moindre. Les partiels sont en contrôle continu, mais mais ne sont pas très difficiles à valider. C’est vraiment une bonne ambiance de promo, avec des soirées très sympas. Toutefois, je trouve les cours moins prenants que la première année.

 

Quel est le déroulement des études de médecine ?

Les études de médecine se déroulent en trois cycles.

Le premier cycle comprend la PACES ( la première année ), la P2 ( la deuxième année ) et le début de la troisième année. Ce sont essentiellement des cours magistraux.

Ensuite, on passe à l’externat pendant trois ans, de la quatrième à la sixième année. On prend le rôle d’externe, c’est-à-dire que l’on est dans les services à l’hôpital et on effectue des petits rôles, un peu rémunérés. On a des cours en parallèle, avec l’objectif de passer le CNS, un concours au niveau national déterminant le choix de la spécialité ou de la médecine générale pour la suite des études.

Le troisième cycle correspond à l’internat, qui dure de 2 à 4 ans. Des stages de six mois dans le service nous préparent à notre spécialité future.

 

Tu t’es aussi engagée dans un double cursus avec la fac, à quoi ça correspond ?

Ce double cursus de médecine-sciences sert à se préparer à une formation de recherche, en parallèle des études de médecine. C’est cursus accéléré pour accéder à la carrière universitaire, qui permet de devenir médecin, chercheur et professeur. Je suis des unités d’enseignements en plus à la fac de maths, chimie, physique,… Cela permet d’acquérir une formation plus scientifique pour pouvoir faire le pont entre la recherche en laboratoire, très fondamentale, et la pratique médicale de tous les jours.

 

Tu tentes également le concours de l’INSERM, qu’est-ce que cela apporte en plus ?

Le concours de l’INSERM est toujours dans cette optique de double cursus médecine-sciences. Il permet d’accéder à une des formations les plus réputées de France, avec accès à des cours et des conférences de pointe. Il donne aussi accès à des financements pour les stages en laboratoire et pour les Master 1 et 2, que l’on nous demande de valider dans le cas de double cursus.

 

Comment se déroulent la candidature et le concours ?

Le concours de l’INSERM se déroule en deux phases.

La première est une pré-sélection sur dossier. Il faut réaliser une analyse d’article et une analyse de son TPE. Les notes de terminales, celle du baccalauréat et le classement de la première année de médecine sont pris en compte.

Ensuite, une soixantaine de personnes sont sélectionnées pour assister à une formation proposée par l’INSERM, nommée « l’école de Février », et qui se déroule à Paris. Les cours durent deux semaines et les étudiants sont logés et nourris. À l’issue de cette formation, un concours a lieu en Juin pour choisir les étudiants qui bénéficieront des financements et des conférences. Ils sont entre 20 et 30. Le concours correspond à deux oraux qui sont des analyses d’articles, ceux-ci sont reçus deux mois à l’avance.

 

À qui conseillerais-tu ces doubles cursus ?

Je conseillerais ce double cursus à des personnes intéressées par la pratique médicale, parce qu'on est avant tout médecin, mais qui ont un intérêt important pour toutes les matières plus scientifiques. Des jeunes hésitant entre études de médecine ou prépa aux écoles d’ingénieur par exemple. C’est une formation très complète mais qui demande d’être vraiment volontaire et bosseur parce que cela rajoute beaucoup de travail en plus.

 

Et pour finir, quels conseils donnerais-tu aux jeunes voulant tenter les études de médecine ?

Tout d’abord, que les notes de terminale ne veulent pas dire grand chose. Je connais des personnes qui n’avait pas 17 ou 18 en maths mais qui ont quand même réussi. Ne vous censurez pas par peur de pas avoir les capacités. Tentez ! Il y a de toute façon beaucoup de possibilités de reconversion si c’est finalement trop difficile.

Ensuite, il faut aussi se connaître : savoir quelles méthodes de travail adopter, la manière de fonctionner et trouver son propre équilibre.

Enfin, même si c’est une année qui peut faire peur, elle est très enrichissante. Passer un concours est une vraie expérience de vie et travailler dur un ou deux ans vaut vraiment le coup pour le métier auquel cela donne accès.

 

 

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